Page 12 - Bulletin novembre 2021
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Dans quasiment tous les nouveaux programmes de sciences industrielles pour l’ingénieur,
         de la technologie au collège jusqu’aux classes préparatoires scientifiques, il est fait référence
         dans les préambules au développement durable, à la préservation de l’environnement, etc.

         Et puis ensuite dans les contenus de programme ces points qui sont aujourd’hui au cœur
         des problèmes de nos sociétés, soumises aux méfaits du dérèglement climatique, disparais-
         sent et donc ne sont jamais évalués ni aux examens, ni aux concours.

         Ce qui fait que les élèves et étudiants n’étudient les systèmes techniques que par un seul
         bout de la lorgnette, celui du “Comment ça fonctionne ?”, mais jamais par les bouts du “À
         quoi  ça sert”, “Combien ça coûte ?”, et surtout pas du “Combien ça pollue ?”. Et donc nous
         retrouvons dans les laboratoires, dans les sujets de fin d’études, ou dans les systèmes étudiés
         en travaux dirigés, quantité d’objets dont on pourrait aisément se passer mais qui consom-
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         ment une quantité d’énergie, sur leur cycle de vie, très importante, dont le bilan CO  n’est
         également pas forcément des meilleurs, et qui participent sans souci à la dégradation de la
         biodiversité, la disparition des espèces, etc.

         Prenons l’exemple de l’énergie électrique. Les centrales de production de l’électricité peuvent
         être au charbon, au gaz, au pétrole, à la biomasse, au solaire, au vent, aux marées, etc. Il est
         de notoriété publique que certaines sont systématiquement classées parmi les mauvais
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         élèves du bilan C0  (charbon et pétrole arrivant en tête) alors que les autres sont au premier
         rang des énergies “propres” (nucléaire, solaire, éolien, ...).
         Mais l’on voit très rarement le bilan énergétique total de ces usines de production de l’élec-







                        L’énergie grise


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         tricité, ni leur bilan CO  et encore moins leur impact environnemental sur le vivant.
         Et ce n’est pas normal parce que cela fait croire à nos futurs citoyens, techniciens et ingé-
         nieurs que l’on peut fabriquer tout et n’importe quoi, du moment que ça se vend et que donc
         l’économie tourne, “quoi qu’il en coûte” d’un point de vue écologique.

         Comme nous le soutenons à 100% il est tout à fait juste de se battre pour que les femmes
         aient toute la place qui leur est dûe dans les carrières scientifiques, à égalité avec les hommes,
         nous soutenons aussi et avec le même taux de 100% que les premières questions que l’on
         doit se poser avant de se lancer dans l’étude du “Comment ça fonctionne “ d’un système est
         celle du “À quoi ça sert ?”, puis des bilans énergétique sur le cycle de vie, du bilan carbone
         sur le même cycle, et de son impact environnemental total.


         Actuellement ces points qui concernent “l’énergie grise” (quantité d’énergie nécessaire à la
         production et à la fabrication des matériaux du produit, mais aussi à son transport, sa
         commercialisation, son usage et son recyclage), ne sont parfois étudiés que dans les études






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