Page 8 - Bulletin mars 2021
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chez les verrats, nous utilisions la méthode des mélanges (par 5 prélèvements). En revanche, il
était strictement interdit (car incorrect) de rendre des résultats individuels négatifs lorsque les
analyses étaient faites en mélange et qu'un mélange était négatif.
Alors donc déjà, il y a des règles et des impératifs. Certains sont évoqués dans l'article.
D'abord il faut connaître les paramètres de performance des tests qu'on utilise, PCR, ELISA,
en termes de sensibilité et de spécificité. Pour infos, les tests utilisés en biologie vétérinaire
avaient des niveaux de performance très élevés (et bien supérieurs à ceux qui sont évoqués
pour le SARS-CoV-2) et en conséquence, il faut connaître très précisément l'effet de la dilution
sur les performances (selon que l'on pratique les mélanges par 5, par 10 ou même par 20).
Deuxièmement, il faut connaître la prévalence de la maladie ou du caractère que l'on veut étu-
dier : pour la Covid, 2 paramètres sont intéressants : l'excrétion virale (ou le portage viral) qui
ne dure que quelques jours (en principe bien que des tests PCR positifs pendant 3 semaines
aient été récemment rapportés) chez les individus contaminés (malades ou non) et la séropo-
sitivité (présence d'anticorps). L'étude de la fréquence du caractère "excrétion virale" va per-
mettre de répondre à la question de l'intensité de la circulation virale dans une population
donnée. L'étude du statut sérologique va permettre de déterminer la séroprévalence dans une
population donnée.
Mais quel est l'intérêt de connaître ces deux paramètres et est-il pertinent d'utiliser des ana-
lyses de mélange pour les évaluer ?
Essayons donc de répondre à la 1ère question concernant la circulation virale. Il est évident
que si on étudie par PCR ou même par test antigénique l'excrétion virale et qu'on ne trouve
aucun positif, on pourra dire que le virus ne circule pas, ou qu’il ne circule plus. Donc à priori
cela paraît très intéressant et aussi assez simple. Mais !!! Car il y a un mais, quelle est la valeur
de la conclusion "pas de circulation virale dans la population" si on a fait par exemple 10000
prélèvements et que la prévalence de l'excrétion (qui traduit la circulation virale) est de 0,1%.
La question pertinente revient donc à poser la question : quel nombre d'individus faut-il tester
dans une population pour détecter avec certitude le ou les individus excréteurs dans cette po-
pulation. Des tables statistiques existent pour répondre à cette question. Mais en gros plus le
caractère à détecter est rare et plus la taille de l'échantillon à étudier doit être élevée, telle-
ment élevée que pratiquement c'est toute la population qui doit être testée si l'on veut avoir
une réponse exacte avec une prévalence basse. De ce point de vue, l'utilisation des mélanges
n'apporte rien. En revanche elle complique l'interprétation des résultats.
Donc en conclusion tant que le virus circule comme c'est le cas actuellement il n'est pas inté-
ressant de pratiquer des mélanges car jour après jour, nous aurions la même information à
gérer. Le virus circule ici ou là et il faut identifier les porteurs. En revanche si la circulation vi-
rale venait à s'arrêter (après une vraie période probatoire), on pourrait peut-être effective-
ment utiliser la méthode des mélanges pour tester les voyageurs d'un avion, d'un train ou d'un
bateau. Bien sûr il faudrait être certain de la sensibilité des méthodes de dépistage qui devrait
être de 0,98 au minimum. Maintenant quelle serait la pertinence de blinder sur les avions en
laissant les routes sans contrôles ???? Donc il faudrait logiquement tester tous les entrants en
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